dimanche 22 novembre 2015

Bonjour à tous, 

j'ai eu beaucoup de mal à revenir ici, trouvant chaque mot écrit trop futile pour être lu. J'ai en réserve une énorme liste d'articles que je vais vous écrire. Et pourtant, la panne de l'écrivain m'a frappé depuis ce vendredi 13 novembre, le jour où ma vie, notre vie à tous, a changé. Comment écrire sur des sujets légers après ça?

Je ne voulais pas parler des attentats, quelle légitimité ai-je pour en dire quoi que ce soit, moi, petite provinciale qui n'étais pas là, et qui n'ai aucune connaissance sur le sujet. Ces attentats m'ont évidemment atteint au plus profond, comme chacun de nous. Mais surtout ils ont tout changé. 

Pour certains, c'est la peur qui a pris le dessus. Peur de dire un mot de trop, peur de sortir, de prendre le métro, d'aller au cinéma. 

Pour d'autres, c'est la tristesse et le deuil qui l'ont emporté. La joie les a quitté, laissant place à un univers de désespoir lorsqu'ils ont perdu leurs amis, leurs familles et toute la foi qu'ils avaient en l'avenir. 

Pour d'autres encore, le changement s'est opéré vers un élan de patriotisme, scandant la Marseillaise à tue-tête, défiant chaque extrémiste qui voudrait s'en prendre à leur bonheur et à leur liberté.

Mais surtout, pour beaucoup, la haine et la colère l'ont emporté. Mes patients, mes collègues, les réseaux sociaux et les journalistes me l'ont prouvé chaque jour. La tolérance et l'insouciance ont laissé place à une atmosphère de suspicion et de ressentiment, se rejetant la pierre entre nous. Pourquoi les policiers n'ont pas pu l'empêcher? Et toi, puisque tu es musulman, vas-tu un jour les rejoindre?

Aujourd'hui, j'ai peur. Pas peur des terroristes, peur de ce qu'ils ont fait de nous. Peur de voir des partis politiques aux valeurs de division et d'intolérance au pouvoir. Peur de voir un jour nos valeurs de liberté et d'intimité bafouées au nom de la sécurité. Peur de voir nos rues ou nos cinémas déserts parce que nous avons peur. Peur que nos valeurs ne se perdent. 

Arrêtons de chercher les responsables parmi nous. Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c'est nous reconstruire, nous et notre monde. Rendre ce dernier bien plus beau et devenir meilleurs, plus forts et plus soudés que jamais pour que plus jamais ils ne puissent piocher dans nos voisins, nos amis, nos collègues pour grossir leurs rangs. 

Ne les laissons pas nous changer. 

Ne les laissons pas gagner. 

A bientôt les amis.

NB: J'en profite également pour adresser mes tendres pensées à tout ceux qui ont perdu des proches ce jour-là. Qu'ils reposent en paix.

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4 commentaires :

  1. Hello ma belle,
    je crois que nous avons tous été confrontés aux mêmes réactions, craintes et c'est loin d'être fini. Merci pour cet article, cela met du baume au cœur de lire des messages emprunts d'espoir plutôt que de haine.
    Plein de gros bisous

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    1. Coucou ma jolie.

      De mon côté, ça me fait plaisir de voir que tu partages les mêmes convictions que moi. J'ai été tellement confronté à du racisme cette semaine que j'ai fini par croire que j'étais la seule à ne pas l'être. :)

      Je te remercie donc doublement pour ton petit mot !

      Bisous ma jolie ! <3

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  2. Hello Justine,

    J'aimerais pouvoir ajouter quelque chose, mais je n'y arrive pas - ça me fait encore trop mal. Alors je me contenterai de dire que je te remercie pour cet article plein de justesse. Merci.

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    1. Je comprends ma jolie ! C'est encore très frais tout ça. Écrire à ce sujet à été mon exhutoire, tu es adorable de l'avoir lu malgré tout.

      Je te souhaite de finir par aller mieux, te reconstruire à ton rythme.

      J'ai beaucoup pensé à toi à cette période, même encore maintenant. Je te l'ai déjà dit mais fais moi signe si tu as besoin de parler ! :) courage à toi !

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